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ce qui est bien près peut-être. Il rira de notre inexpérience, de nos doutes, de nos terreurs, de nos espérances. De quoi ne rira-t-il pas ? Mais il aura peut-être, s’il est meilleur que le présent, une tendresse pleine de pitié pour ceux qui l’auront un peu deviné. Il rira bien surtout de nos encroûtés. Il trouvera bien plaisant de voir au milieu de ce siècle une génération défaillante qui prêche pour le maintien de ses vices et une génération virile qui réclame le libre exercice des siens. D’un côté, il verra les hommes de l’ancien pouvoir, les défenseurs de la vieille monarchie réclamant la sueur du peuple au nom de Saint Chrême et régnant par le vol — mais par le vol tranquille, consacré, silencieux. De l’autre côté, les voleurs avec effraction, les brigands, les meurtriers, les hommes de Philippe, les nouveaux riches, les puissants du jour.

Un troisième chœur vient chanter autour de l’arène. Ce sont les enfants du siècle, ceux qui, entre ces deux manières de voler, voudraient bien trouver la plus facile et la plus sûre.

Ô honte ! Cette méthode nouvelle sera-t-elle la découverte que nous léguerons à nos descendants ?

Je ne suis pas de ces âmes patientes qui accueillent l’injustice avec un visage serein.

(Brutus, Shakespeare.)