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poésie musicale. Je la cherche dans la nature, dans ses mélodies primitives que je combine ensuite avec des effets connus en musique, et je suis sur la voie de trouver une définition claire et satisfaisante de ces dénominations mystérieuses.

La pensée géniale de Kreyssler à cet égard est intelligible au premier venu, mais il s’agit d’en faire une application sûre, de ne pas se perdre dans des aperçus purement poétiques et dans une interprétation vague comme l’est souvent le style d’Hoffmann lui-même, mais comme à coup sûr ne l’était pas sa pensée. Jamais esprit d’homme n’a pénétré plus franchement et plus nettement dans le monde des rêves, nul n’a marché avec plus de logique, de sons et de raison à travers les fantaisies de l’induction poétique. Nul n’a moins cédé à son imagination. L’imagination était pourtant son élément vital, son monde réel, le champ de sa pensée. Si la phrénologie ne se trompe pas, il devait avoir pour faculté dominante la merveillosité. Mais quoi qu’on en ait dit et quelque sotte exagération qu’on ait publiée sur ses mœurs, l’excellente biographie de W. Loève-Veimars (faite d’après la révélation de son caractère et de ses pensées intimes consignées dans ses lettres et dans ses journaux), la nature même de ses écrits et l’enchaînement de ses actions personnelles prouvent que son esprit était parfaitement sain.

La diversité singulière de ses brillantes facultés