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grands corridors froids, retrouver un pédagogue qui te punira si tu pleures. Non, je ne me tuerai pas à moins que le délire ne s’en mêle encore, comme tant de fois où j’en ai été bien près. Mais l’ange d’Abraham étendait son épée pour sauver l’enfant… Protège-moi donc, Dieu des orphelins ! Détourne de moi ces affreuses tentations ! Réveille-moi à ces heures d’oubli où il me semble que mes enfants n’existent plus, où je ne sais plus rien que mon amour, et mon désespoir, heures féroces où je voudrais arracher mon cœur et le dévorer. L’autre nuit, je rêvais que je l’enterrais sous un pavé. Pauvre cœur, vous allez être enseveli tout vivant, et combien vous souffrirez jusqu’à ce que la pierre du sépulcre vous ait anéanti à force de peser sur vous. Ô mon fils ! mon fils ! Je veux que tu lises ceci un jour et que tu saches combien je t’ai aimé. Ô mes larmes, larmes de mon cœur, signez cette page, et que les siennes retrouvent un jour vos traces auprès de son nom !


SAMEDI

J’ai rencontré ce matin Jules Sandeau chez Gustave Papet. Il m’a abordée sans embarras, avec beaucoup de franchise, d’affection et de respect. Nous sommes entrés en explication tout de suite. Pour l’engager à se confesser, je me suis