Page:Sand - Journal intime.pdf/25

Cette page n’a pas encore été corrigée


II

PARIS. — SAMEDI MINUIT


J’arrive des Italiens. Je me suis profondément ennuyée. J’avais eu une journée assez doucement triste. Boucoiran[1] m’avait lu quelque chose de M. de Maistre. Je n’ai retenu que trois lignes : « Dans quelques provinces de l’Inde, on fait souvent le vœu de se tuer volontairement si l’on obtient telle ou telle grâce des Idoles du lieu. Ceux qui ont fait ce vœu se précipitent d’un rocher appelé… » Ô mon Dieu, mon Dieu, si vous vouliez m’accorder un seul jour de ce bonheur que vous m’avez ôté, je ferais bien ce vœu-là ; mais je mourrai sons l’avoir retrouvé !

  1. Jules Boucoiran, précepteur des enfants de George Sand.