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debout ceux pour qui on a travaillé. Je ne crains de la mort que le chagrin qu’elle causerait aux miens.

Leur ai-je été utile depuis vingt ans ? Oui, il me semble. J’ai beaucoup voulu l’être. J’avais donc tort de m’imaginer qu’il y a des moments dans la vie, où on peut donner sa démission sans dommage pour personne, puisque me voilà utile encore dans un âge avancé. Mon cerveau n’a pas baissé. Je sens qu’il a beaucoup acquis et qu’il est mieux nourri qu’il ne l’a jamais été.

On a tort de croire que la vieillesse est une pente de décroissement : c’est le contraire. On monte et avec des enjambées surprenantes. Le travail intellectuel se fait aussi rapide que le travail physique chez l’enfant. On ne s’en rapproche pas moins du terme de la vie, mais comme d’un but et non comme d’un écueil.

GEORGE SAND.


FIN