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Le premier… qui pourrait en retrouver la source ?
Ce n’est toujours pas moi ! L’effet qui (ut produit
N’a pas de cause empreinte en mon passé qui fuie
Le coursier mort, on voit la trace de sa course,

Mais les échos muets n’en gardent pas le bruit.
C’était un jour d’hiver, sans parfums, sans verdure,
Dans le bosquet sans ombre, au détour d’un sentier,
Je vis sur le linceul qui couvrait la nature,
En dépit des frimas, une rose briller.
Était-ce un adieu triste ou bien une espérance ?
Un signe de bonheur, un signe de souffrance ?
Ce n’était qu’un bouton épargné par le froid,
Qui, s’ouvrant, regardait le Ciel avec effroi.
Mon caprice voulut en tirer un augure :
Si cette rose garde un instant sa parure.
Me disais-je, je dois du destin triompher :
Si son calice froid se laisse dépouiller
Avant qu’elle ait fleuri, malheur j’en dois conclure :
La rose, tout un jour vécut joyeuse et pure.

Dix ans plus tard, j’étais près du même rosier,
Tout fier, tout triomphant, fleuri dans son entier :
Le printemps s’en donnait ! Tout était fête et flamme !
Je revenais de loin : j’avais la mort dans l’âme.

C’est alors que songeant à la rose d’hiver.
Souriant du présage et le cœur bien amer[1]


  1. Resté Inachevé.