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et quiconque s’absente en ce moment a l’air de déserter. Comme à aucun prix nous ne voulons le quitter avant qu’on ne nous y oblige, nous renonçons au Midi, et nous nous occupons, par correspondance, de louer un gîte quelconque à La Châtre.


6 octobre.


À force d’être poëte à Boussac, on est très-menteur ; on vient nous dire ce matin que la peste noire est dans la ville, la variole purpurale, celle qui nous a fait quitter Nohant. On s’informe ; la nouvelle fait des petits. Il y a des cadavres exposés devant toutes les portes ; c’est là, — à deux pas, vous verrez bien ! — Maurice ne voit rien, mais il s’inquiète pour nous et veut partir. Comme nous comptions partir en effet dimanche, je consens, et je reboucle ma malle ; mais Sigismond nous traite de fous, il interroge le maire et le médecin. Personne n’est mort depuis huit jours, et aucun cas de variole ne s’est