Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’ailleurs l’harmonie de ces tons fanés de la tapisserie rend toujours agréable ce qu’elle représente.

Ayant assez regardé la fée, je veux retourner à ma chambre. Le salon a cinq portes bien visibles. Celle que j’ouvre d’abord me présente les rayons d’une armoire. J’en ouvre une autre et me trouve en présence de sa majesté Napoléon III, en culotte blanche, habit de parade, la moustache en croc, les cheveux au vent, le teint frais et l’œil vif : âge éternel, vingt-cinq ans. C’est le portrait officiel de toutes les administrations secondaires. La peinture vaut bien cinquante francs, le cadre un peu plus. Ce portrait ornait le salon. C’est le sous-préfet sortant qui, au lendemain de Sedan, a eu peur d’exciter les passions en laissant voir l’image de son souverain. Sigismond voulait la remettre à son clou, disant qu’il n’y a pas de raison pour détruire un portrait historique ; mais celui-ci est si mauvais et si menteur qu’il ne mérite pas d’être gardé, et je lui ai conseillé de le laisser où l’a mis son pré-