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sulter sa raison et sa conscience doit être également libre, ou bien la représentation n’est plus qu’une lutte aveugle, un conflit stupide entre les esclaves de tous les partis. Il serait temps de se défaire de ces errements de l’Empire. Nés fatalement dans son atmosphère, espérons qu’ils finiront avec lui.

Il y aura certainement aussi à éclairer l’Assemblée constituante qui succédera prochainement à celle-ci sur un point essentiel, le droit de plébiscite. Il ne faut pas que ce droit, devenu monstrueux, établisse la volonté du peuple au-dessus de celle des assemblées élues par lui ; si le peuple est souverain, ce n’est pas un souverain absolu qu’il faille rendre indépendant de tout contrôle, priver de tout équilibre. Le plébiscite peut être la forme expéditive que prendra, dans un avenir éloigné, la volonté d’une nation arrivée à l’âge de maturité ; mais longtemps encore il sera un attentat à la liberté du peuple lui-même, puisqu’il est, par sa forme absolue et indiscutable, une sorte de démission