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6.


Pas plus de nouvelles qu’hier ; nous n’avons que les journaux d’avant-hier, qui disent que l’armistice, mal réglé ou mal compris, a amené de nouveaux malheurs pour nos troupes. Nous sommes inquiets d’une partie de nos mobilisés qui a été conduite au feu, comme nous le redoutions, sans avoir appris à tenir un fusil, et qui s’est trouvée à l’affaire de la reprise du faubourg de Blois. Ils s’y sont jetés comme des fous, traversant la Loire, en désordre sur un pont miné, tombant dans la rivière, sortant de là en riant pour aller droit aux Prussiens embusqués dans les maisons, tirant au hasard leurs mauvais fusils qui éclataient dans leurs mains, et vers le soir se tuant les uns les autres faute de se reconnaître et faute de direction. Le lendemain, nos pauvres enfants étaient cernés ; la retraite leur était absolument coupée, et ils attendaient l’écrasement final lorsque, après six heures d’attente dans la