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serait privé s’il ne faisait pas instruire ses enfants, il répondait :

— Peu m’importe.

Aujourd’hui ce n’est plus de même, le dernier paysan est jaloux de son droit et dit :

— Si on nous refuse le vote, nous refuserons l’impôt.

C’est un grand pas de fait. Donnez-lui l’instruction, il est temps. Fondez une véritable république, une liberté sincère, sans arrière-pensée, sans récrimination surtout. Ne mettez aucun genre d’entrave à la pensée, décrétez en quelque sorte l’idéal, dites sans crainte qu’il est au-dessus de tout ; mais entendez-vous bien sur ce mot au-dessus, et ne lui donnez pas un sens arbitraire. La république est au-dessus du suffrage universel uniquement pour l’inspirer ; elle doit être la région pure où s’élabore le progrès, elle doit avoir pour moyens d’application le respect de la liberté et l’amour de l’égalité, elle n’en peut avouer d’autres, elle n’en doit pas admettre d’autres. Si elle cherche dans la cons-