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Tous ces bans qui se succèdent si rapidement me terrifient. On appelle les hommes mariés pour le 10 décembre. Plus on a de bras, plus on en demande ; c’est donc que la situation s’aggrave au lieu de s’améliorer !


29.


Départ de nos mobilisés par un temps triste comme nos âmes. Nous les attendons sur la route. Toute la ville les accompagne. Ils sont très-décidés, très-patriotes, très-fiers. On s’embrasse, on rentre les larmes. Où vont-ils ? que deviendront-ils ? Ils ne le savent pas, ils sont prêts à tout. Il y a un reflux d’espoir et de dévouement. On croit que le salut est encore possible. Je ne sais pourquoi mon espoir est faible et de courte durée. Je n’étais plus habituée à cette sombre disposition. Je la combats de mon mieux, et, comme tout le monde, je saisis avec ardeur la moindre lueur qui se montre ; mais quand elle s’efface, on retombe plus bas.