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Mardi 8.


L’armistice est rejeté, c’est la guerre à mort. Préparons-nous à mourir. — Fadet me fait beaucoup d’amitiés aujourd’hui. Il sait l’heure à laquelle j’arrive, il m’attendait à la porte. — Tu es fou, mon pauvre chien, tout va plus mal que jamais. J’écris quinze lettres, et je retourne à la ville par un froid atroce.


Nohant, mercredi 9.


Je reviens au son de la cloche des morts. On enterre la vieille bonne de mon fils. Hier soir, un de nos domestiques a failli se tuer ; il a la figure toute maculée. Il semble que tout soit comme entraîné à prendre fin en même temps. On n’entend parler que d’accidents effroyables, de maladies foudroyantes. On dirait que la raison de vivre n’existe plus et que tout se brise comme de soi-même. D’aucun point de l’horizon, le salut