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Ici tout est calme, encore plus qu’aux bords de l’Indre. Les gens sont pourtant plus actifs et plus industrieux ; ils ont plus de routes et de commerce, mais ils sont plus sobres et plus graves. Le paysan vit de châtaignes et de cidre, il sait se passer de pain et de vin ; sa vache et son bœuf ne sont pas plus difficiles que son âne. Ils mangent ce qu’ils trouvent, et sont moins éprouvés par la sécheresse que nos bêtes habituées à la grasse prairie. Ce pays-ci n’attirera pas la convoitise de l’étranger. La nature lui sera revêche, si l’habitant ne lui est pas hostile.

Nous voici chez d’adorables amis, dans une vieille maison très-commode et très-propre, aussi bien, aussi heureux qu’on peut l’être par ces temps maudits. L’air est sain et vif, le soleil a tout dévoré, et le danger de famine est bien plus effrayant encore que chez nous. Ils n’ont pas eu d’orage, pas une goutte d’eau depuis six mois ! Deux beaux petits garçons jouent au soleil, sous de pauvres acacias dénudés, avec nos