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sans cesse, on les met dans tout avec soi à toute heure, on n’a d’autre souci que de les rendre heureux. C’est sans doute encore une supériorité des Prussiens sur nous d’être durs à leurs petits comme à eux-mêmes. Les loups sont plus durs encore, supérieurs par conséquent aux races militaires et conquérantes. J’avoue pourtant qu’à certains égards nous avons pris en France la puérilité pour la tendresse, et que nous tendions trop à nous efféminer. Notre sensibilité morale a trop réagi sur le physique. Messieurs les Prussiens vont nous corriger pour quelque temps d’avoir été heureux, doux, aimables. Nous organiserons des armées citoyennes, nous apprendrons l’exercice à nos petits garçons, nous trouverons bon que nos jeunes gens soient tous soldats au besoin, qu’ils sachent faire des étapes et coucher sur la dure, obéir et commander. Ils y gagneront, pourvu qu’ils ne tombent pas dans le caporalisme, qui serait mortel à la nature particulière de leur intelligence, et qui va faire des vides profonds dans les