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Vendredi 22 octobre.


Trois lettres de Paris par ballon ! Enfin, chers amis, soyez bénis ! Ils vivent, il n’y a pas de malheur particulier sur eux. Ils sont résolus et confiants, ils ne souffrent de rien matériellement ; mais ils souffrent le martyre de n’avoir pas de nouvelles de leurs absents. L’un nous demande où est sa femme, l’autre où est sa fille ; chacun croyait avoir mis en sûreté les objets de sa tendresse, et l’ennemi a tout envahi ; comment se retrouver, comment correspondre ? Nous écrirons partout, nous essayerons tous les moyens. Quelle dispersion effrayante ! que de vides nous trouverons dans nos affections ! — Encore une fois, qu’ils soient bénis de nous donner quelque chose à faire pour eux !

On dit que l’ennemi s’éloigne de nous pour le moment ; il lui plaît de nous laisser tranquilles, car les chemins sont libres, il n’y a pas ou il n’y a plus d’armée entre lui et nous ; on vit au