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trahit ; mais je suppose qu’il délivre la France. Comment sortir de cette impasse ? Nous battrions-nous contre ces soldats qui battraient l’étranger ? y aurait-il un gouvernement pour les mettre hors la loi et les accuser de trahison ?

Notre situation est réellement sans issue, à moins d’un miracle. Nous nous appuyons pour la défense du sol sur des forces encore considérables, mais qui combattent l’ennemi commun sous des drapeaux différents, et qui ne comptent pas du tout les abandonner après la guerre. Le gouvernement a fait appel à tous, il le devait ; mais a-t-il espéré réussir sans armée à lui, avec des armées qui lui sont hostiles, et qui ne s’entendent point entre elles ? Ceci ressemble à la fin d’un monde. Je voudrais pouvoir ne pas penser, ne pas voir, ne pas comprendre. Heureux ceux dont l’imagination surexcitée repousse l’évidence et se distrait avec des discussions de noms propres ! Je remercierais Dieu de me délivrer de la réflexion ; au moins je pourrais dormir. Ne pas dormir est le supplice du temps. Quand la fati-