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— Je servais cet homme, je ne servirai plus le pays qui l’abandonne.

La postérité les admire et condamne les autres.

À qui donc appartient le militaire ? au pays ou au souverain du moment ? il serait assez urgent de régler ce point, car il peut arriver à chaque instant que le devoir du soldat soit de résister à l’ordre de la patrie, ou de manquer à la loi d’obéissance militaire par amour du pays. Rien n’engage en ce moment le soldat envers la république ; il ne l’a pas légalement acceptée. Avez-vous la parole des généraux ? Je ne sache pas qu’on ait celle de Bazaine, et le gouvernement ignore probablement s’il se propose de continuer la guerre pour délivrer la France ou pour y ramener l’empire au moyen d’un pacte avec la Prusse.

Un général n’est pas obligé, dit-on, d’être un casuiste. Il semble que le meilleur de tous serait celui qui ne se permettrait aucune opinion, qui ne subirait aucune influence, et qui, faisant de sa parole l’unique loi de sa conscience, ne céde-