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pitaux ou tomber sur les chemins à la première étape. Les rues de la ville sont encombrées de parents qui pleurent et de conscrits ivres-morts. On va leur donner les fusils de la garde nationale sédentaire, qui était bien composée, exercée et résolue ; le découragement s’y met. Les optimistes, ils ne sont pas nombreux, disent qu’il le faut. S’il le faut, soit ; mais il y a manière de faire les choses, et, quand on les fait mal, il ne faut pas se plaindre d’être mal secondé. On se tire de tout en disant :

— Le peuple est lâche et réactionnaire.

Mon cœur le défend ; il est ignorant et malheureux ; si vous ne savez rien faire pour l’initier à des vertus nouvelles, vous les lui rendrez odieuses.

Les nouvelles du dehors sont sinistres. Orléans serait au pouvoir des Prussiens ; les gardes mobiles se seraient bien battus, mais ils seraient écrasés ; on accuse Orléans de s’être rendu d’avance. Il faudrait savoir si la ville pouvait se défendre ; on dit qu’elle ne l’a pas voulu, on