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Ma pauvre mère, obsédée de ces questions indiscrètes et un peu impérieuses de la part de certaines tantes collet-monté, m’attendait avec impatience, et me vit arriver avec joie.

— Le voilà ! dit-elle ; il va résoudre tous les doutes.

Je me croyais déjà marié, puisque je me voyais aimé d’une fille de cœur et de parole. Après avoir annoncé l’amélioration de la santé de M. Butler, je répondis aux questions relatives à sa fille : que j’aimais la fille et le père de toute mon âme, et que, ma mère m’ayant poussé aux premières démarches, je n’avais pas à m’expliquer sur d’autres convenances que sur celles du cœur et de l’honneur. Je tins seulement à ne pas laisser croire qu’une grande fortune m’eût alléché. Je rendis compte en deux mots de la situation de la famille, et ma mère se chargea d’affirmer qu’elle avait consacré six mois à prendre des informations sur l’honorabilité de M. Butler avant de me confier son projet. Les renseignements étaient parfaits. M. Butler appartenait à la classe moyenne, il n’y avait pas l’ombre d’une tache sur son nom ; au contraire, il était estimé comme le plus généreux et le plus désintéressé des savants.

Il n’y avait rien à répliquer, bien que la satisfaction ne fût pas générale. Mes tantes trouvaient qu’il n’y avait point assez de naissance pour tant de fortune.