Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/77

Cette page n’a pas encore été corrigée

front, sans aucune coquetterie, ses cheveux ébouriffés, où pendillaient encore quelques brins de mousse.

— C’est un véritable enfant ! pensai-je en la regardant s’éplucher tranquillement, comme si elle ne pouvait pas supposer que je fisse attention à elle. Pourquoi ne la traiterais-je pas comme il convient à son âge et à l’innocence de ses pensées ?

J’eus envie de lui montrer le lichen que j’avais ramassé, et de lui demander en riant si elle voulait bien encore essayer de me faire peur, mais je n’osai pas. Il y avait en elle je ne sais quoi de grave quand même, bien au-dessus de son âge, et aussi je ne sais quel charme émouvant qui m’empêchait de voir en elle autre chose qu’une femme adorable avec laquelle on ne peut pas jouer sans perdre la tête.

— Madame votre mère se porte bien ? dit-elle en prenant un métier à dentelle dont, en un instant, ses petits doigts firent claquer et sautiller les bobines avec une rapidité que l’œil ne pouvait suivre.

— Ma mère se porte bien pour une personne qui se porte toujours mal.

— Ah ! mon Dieu ! c’est vrai qu’elle paraît bien délicate ; mais vous l’aimez beaucoup, à ce que l’on dit, et vous la soignez bien ! Je ne l’ai vue qu’une fois. Elle a été très-bonne pour mon frère et pour moi. Elle nous a montré tout le château, qui est bien