Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce fut comme un adieu que je jetai au passé, à l’idéal entrevu dans mes beaux rêves de jeunesse. Ma mère, qui était inquiète de me savoir dehors par le mauvais temps, mais qui se garda de m’en rien témoigner, parut très-satisfaite de ce que je lui racontai. Elle trouva que M. Louandre avait eu une heureuse inspiration, que mes scrupules honorables étaient absolument levés par les renseignements obtenus, que je devais poursuivre cette affaire (elle se servit aussi de ce mot-là). Quant à la condition de vivre avec M. Butler, il n’y avait pas lieu de s’en inquiéter.

— Il est bien rare, me dit-elle, que de pareilles conventions ne tombent pas d’elles-mêmes au bout de quelques années de cohabitation. C’est, en général, ceux qui les ont exigées qui s’en lassent les premiers. D’ailleurs, une telle promesse n’engage pas d’une manière absolue. Mille circonstances imprévues, indépendantes de la volonté des deux parties, la rendent nulle et impraticable. Et puis les deux propriétés sont assez voisines pour que votre domicile doive être considéré plutôt comme doublé que comme déplacé. Vous n’accepterez la condition que dans le cas de séjour en France, et de cette manière votre dignité et votre liberté me paraissent sauvegardées convenablement.

Ma mère désirait évidemment ce mariage. Stoïque