Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

une affaire que vous ne retrouverez pas aisément et que je vous conseille de ne pas laisser échapper. Sur ce, je baise les mains de madame votre mère, et je suis votre serviteur.

Nous étions près de la ville. M. Louandre pressa les flancs de sa monture et s’enfonça dans une ruelle qui le menait en droite ligne à son domicile. Je demeurai accablé de l’aridité du point de vue qu’il me présentait. Je n’étais pas assez niais pour exiger qu’un honnête homme chargé par état du soin des intérêts matériels de la vie me parlât d’autre chose que de ceux qui lui avaient été confiés. Cela ne l’empêchait point d’être un digne époux et un tendre père, et de souhaiter que chacun fût heureux dans son nid ; mais il n’avait mission que de choisir l’arbre, et même il était de bon goût qu’il ne s’occupât point de psychologie avec sa clientèle. Je lui savais donc gré de son zèle, mais je voyais, sinon dans le mariage, du moins autour du mariage, des choses si froides, des calculs si répugnants, que le nécessaire et l’inévitable glaçaient en moi le sentiment et l’émotion.

— Hélas ! me disais-je, le contrat de l’amour honnête commence donc par être une affaire où il n’y a pas moyen de ne pas prévoir et compter I Me voilà déjà aux prises avec l’argent avant de savoir si mon cœur battra auprès de cette jeune fille ! Il m’a fallu