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trouvé, malgré la grimace que vous m’avez faite. Voyons, mon cher comte, vous ne voulez donc pas vous marier ? vous ne voulez donc pas rendre un peu de joie et de repos à votre pauvre mère ?

— Je n’ai qu’une volonté et qu’un devoir au monde, c’est de rendre ma mère satisfaite de moi. Je consens donc à me marier, mais non à me faire éconduire en rêvant des mariages impossibles ; c’est probablement une expérience désagréable que vous venez de me procurer.

— Eh bien, voilà ce qui vous trompe : votre recherche est agréée.

— En vérité ? La jeune personne a donc quelque tache ou quelque infirmité, pour qu’on la donne à un inconnu sans fortune, qui n’a montré aucun esprit, et qui n’a même pas le mérite de la désirer ?

— Que me dites-vous là ! s’écria le notaire en arrêtant tout à fait son cheval, Êtes-vous en somnambulisme, que vous déraisonnez de la sorte ? Pardon, monsieur le comte, mais je vois bien que nous ne nous entendons pas. Vous croyez M. Butler immensément riche, et vous ne vous trompez guère : mais sachez que ses enfants n’auront très-probablement que leur héritage maternel, vu qu’il est en train de manger sa fortune, c’est-à-dire de la placer en herbes sèches, en cailloux et en bêtes empaillées, sans comp-