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sonne seule constituait une beauté de premier ordre.

Bien qu’elle fût mise avec une extrême pudeur, comme il faisait chaud et qu’elle avait un corsage de mousseline et des manches flottantes, je voyais très-bien son buste et ses bras. L’aisance de ses mouvements faisait deviner l’harmonie entière de son être ; mais sa figure avait une expression qui ne s’accordait pas avec cette suavité un peu voluptueuse : c’était une physionomie décidée, dont le principal caractère était le courage et la franchise. L’œil était limpide et le regard ferme. Le nez, admirablement délicat, s’attachait d’emblée à un front très-droit, plutôt large qu’élevé, comme si la réflexion et la mémoire y eussent tenu plus de place que l’enthousiasme et l’inspiration. Ses cheveux noirs, courts et frisés, donnaient aussi quelque chose de mâle à cette figure d’enfant résolu, honnête et intelligent. Sa bouche vermeille, garnie de petites dents très-égales et un peu pointues, était adorable de pureté ; mais le sourire était incisif, le rire franchement moqueur. En résumé, elle me parut jeune nymphe des pieds au menton, et jeune dieu du menton à la nuque. C’était peut-être ainsi que je m’étais figuré Diane, gazelle par le corps, aigle par la tête.

Elle avait une manière d’être, de parler et de se mouvoir, qui me confirma dans cette appréciation. La