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prit. Qu’avait-il donc ? Je le sus au moment où il descendit de cheval. Il avait un brin d’herbe dans son chapeau, un brin d’herbe hétéroclite, qu’il n’avait jamais vu dans cette région et qu’il ne croyait pas devoir y rencontrer. Il s’empressa de le remettre à une espèce de cuistre vêtu de noir et cravaté de blanc qui vint à notre rencontre et qui lui promit d’en tenir note ; après quoi, recouvrant sa placidité, M. Butler ordonna à son préparateur, tel était l’emploi de ce personnage, de nous ouvrir les portes du muséum.

L’examen dura au moins deux heures, et encore n’avais-je vu que la moitié de ces richesses botaniques, minéralogiques et zoologiques, quand la cloche du dîner sonna. Nous n’avions pas encore pénétré dans la bibliothèque et dans les laboratoires ; l’observatoire eût demandé une journée entière, et enfin l’ouverture de la collection archéologique était réservée pour la semaine suivante, car elle devait jusque-là s’enrichir d’objets nouveaux du plus haut intérêt. J’étais très-fatigué, non pas d’avoir vu des choses effectivement très-curieuses, et que j’étais loin d’aborder en indifférent, non pas d’avoir écouté les explications concises et intelligentes de M. Butler, entremêlées de récits intéressants de ses voyages, mais de n’avoir pu me soustraire à la figure désagréable et au regard de dédain hébété de son préparateur. M. Junius Black