Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/30

Cette page n’a pas encore été corrigée

Une autre curiosité des appartements du rez-de-chaussée, c’étaient les peintures des panneaux de bois de la muraille et des minces poutrelles qui rayent les plafonds. J’ignore si notre ancêtre, contemporain de Richelieu, avait vu des fresques antiques en Italie, mais il avait une prédilection marquée pour certains tons semi-étrusques que l’on pourrait appeler pompéiens. Le fond des trois pièces était d’un brun chocolat rehaussé par des filets et des ornements bleu clair, rouge brique et blanc mat. Cet assemblage de tons, que la vétusté harmonise ordinairement, était resté d’un criard atroce. Ainsi, sur les parois de la salle à manger, la vue était offensée par un placage d’armoiries et de devises insolemment blanches sur des carrés bruns, séparés par un impitoyable grillage coquelicot, qui depuis vingt ans, faisait pleurer les yeux de ma mère sans qu’elle se crût le droit d’y faire toucher ou de manger ailleurs. Le lit de la chambre d’honneur, monté sur une estrade qui occupait le tiers du local, était garni de drap vert brodé en blanc et en jaune» combinaison non moins désagréable, et aux quatre coins du dais s’élevaient quatre vases ouvragés en passequille, fort curieux à coup sûr, mais d’un goût détestable. Le miroir placé sur la table de toilette avait pour support deux grands personnages velus, ou plutôt deux ours à face humaine, affreux satyres en