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ma famille. Dites-vous bien à vous-même que cela doit être et sera, et, si votre santé doit souffrir du dépit que cela vous cause, sachez que j’aime mieux vous voir mort qu’ingrat et lâche.

Ayant ainsi parlé, M. Butler retomba comme étouffé sur le tas de paille qui lui avait servi de siège. Hope était toujours assis par terre sur des copeaux. Il resta immobile, pâle et le sourcil contracté ; puis, après un silence que le père ne voulait pas rompre le premier, le jeune homme se leva comme pour sortir du hangar.

— Vous n’avez rien à répondre ? lui dit M. Butler avec effort.

— Non, répondit l’orgueilleux enfant d’un faux air de soumission : puisque vous avez exprimé votre volonté, je n’ai rien à dire.

— Et rien à me promettre ?

— J’ai à obéir, vous l’avez dit.

— Obéirez-vous du moins avec le cœur ? car la soumission passive que vous affectez ressemble à une protestation !

— Mon cœur n’a rien à voir là dedans que je sache, puisque c’est à lui précisément que vous imposez silence. Permettez-moi de réfléchir sur ce que ma conscience peut avoir à me prescrire.

Et il disparut, laissant son père anéanti.