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rais plus d’un pas. Hélas ! hélas ! que de chagrin pour vous, et comme j’en souffre !… Soyez courageux, vous me l’avez promis, et moi, je conserve l’espérance. Hope guéri retrouvera son bon cœur, sa raison et sa docilité ; il arrivera à comprendre que je vous aime, et il me dégagera de ma promesse. Ayons confiance en Dieu. Plaignez-moi, et ne m’accusez pas.

» Love Butler. »




XII


Les jours et les semaines se traînèrent encore. Je ne vivais plus que des lettres de Love ; j’en avais une soif qu’elles ne pouvaient assouvir, car c’était un peu toujours la même lettre, bonne, sincère et soumise au devoir. Je lui écrivais aussi à l’insu des siens, mais bien rarement, car M. Louandre était le seul qui pût lui remettre mes lettres, et encore n’était-ce pas sans peine, disait-il. Hope avait toujours les yeux sur lui, et il n’entendait rien au métier que je lui faisais faire. J’ai su plus tard que, par un scrupule bien légitime,