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jean ziska.

gens de la lie du peuple, qu’on lui avait tant reproché d’avoir pour auditoire, jusqu’à ces vieux seigneurs qui avaient vu en lui le restaurateur de leurs antiques franchises et de leurs coutumes nationales. L’Université, saisie unanimement d’une véhémente indignation, rendit un témoignage public, adressé à toute la chrétienté, en faveur du martyr. « Ô saint homme ! disait ce manifeste, ô homme d’une vertu inestimable, d’un désintéressement et d’une charité sans exemple ! Il méprisait les richesses au souverain degré, il ouvrait ses entrailles aux pauvres ; on le voyait à genoux au pied du lit des malades. Les naturels les plus indomptables, il les gagnait par sa douceur, et ramenait les impénitents par des torrents de larmes. Il tirait de l’Écriture sainte, ensevelie dans l’oubli, des motifs puissants et tout nouveaux pour engager les ecclésiastiques vicieux à revenir de leurs égarements et pour réformer les mœurs de tous les ordres sur le pied de la primitive Église. » … « Les opprobres, les calomnies, la famine, l’infamie, mille tourments inhumains, et enfin la mort, qu’il a soufferte, tout cela non-seulement avec patience, mais avec un visage riant : toutes ces choses sont un témoignage authentique d’une constance, aussi bien que d’une foi et d’une piété inébranlables chez cet homme juste, etc. »

Des lettres de sanglants reproches furent adressées au concile de toutes parts. On lui disait qu’il avait été assemblé, non par l’esprit de Dieu, mais par l’esprit de malice et de fureur ; qu’il avait condamné un innocent sur la déposition de personnes infâmes, sans vouloir écouter celle des évêques, des docteurs et des gens de bien de la Bohême, qui témoignaient de son orthodoxie et de sa foi ; que c’était une assemblée de satrapes que ce concile, et le conseil des Pharisiens contre Jésus-Christ ; et mille autres invectives, dont plusieurs sont remplies d’éloquence.