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tique ? Qui songe à demander que chacun ait maintenant un droit égal et une part égale à la gestion des affaires ? On ne réclame qu’une chose, c’est la possibilité pour chacun de faire entendre ses désirs et ses besoins, de mettre sa boule dans l’urne sociale, d’agir, en un mot, médiatement, mais infailliblement, sur le mouvement général de la grande machine dont il fait partie.

Et, loin de méconnaître la souveraineté de l’intelligence et la nécessité de son intervention, cette doctrine la confesse et la confirme irrécusablement. Quand l’intelligence aura-t-elle de plus belles chances que le jour où la recherche, l’organisation et le développement des systèmes gouvernementaux seront confiés à des agents choisis par l’universalité des citoyens ? Qui sera appelé, si ce n’est le plus capable ? Sur une telle masse de votants, ce ne seront plus, comme aujourd’hui, des raisons d’intérêt personnel qui pourront déterminer les élections. Le peuple, trop peu intelligent pour gouverner lui-même, le sera bien assez pour reconnaître ceux qui seront les plus aptes à le faire pour lui ; alors la raison seule pourra présider à des déterminations qui devront satisfaire tous les intérêts à la fois ; la justice deviendra nécessairement la seule règle d’une politique forcée de complaire à tous, parce qu’elle sera dépendante de tous, et la législation ne sera plus autre chose que la manifestation de l’esprit humain, représenté dans son ensemble par la coopération médiate ou immédiate de toutes ses parties.

L’exposition de cette théorie, en répondant à l’accusation que vous portez contre M. de La Mennais, d’avoir méconnu la souveraineté de l’intelligence, fait assez voir en même temps la manière dont il entend le droit. Loin de dire que le droit ne soit pas autre chose que la liberté, il a enseigné que le droit n’était rien sans le devoir, et