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LE PRÉCEPTEUR.

Hélas ! je vous rencontre en masque, courant le carnaval, comme si vous pouviez prendre quelque amusement…

ASTOLPHE.

Vous autres instituteurs d’enfants, vous commencez toujours par le blâme avant de réfléchir. Ne vous serait-il pas plus naturel de penser que j’ai pris un masque et que je cours toute la ville pour chercher plus à l’aise sans qu’on se défie de moi ? Le carnaval fut toujours une circonstance favorable aux amants, aux jaloux et aux voleurs.

LE PRÉCEPTEUR.

Ouvrez-moi votre âme tout entière, seigneur Astolphe ; Gabrielle vous est-elle aussi chère que dans les premiers temps de votre union ?

ASTOLPHE.

Mon Dieu ! qu’ai-je donc fait pour qu’on en doute ? Vous voulez donc ajouter à mes chagrins ?

LE PRÉCEPTEUR.

Dieu m’en préserve ! mais il m’a semblé, dans nos fréquents entretiens, qu’il se mêlait à votre affection pour elle des pensées d’une autre nature.

ASTOLPHE.

Lesquelles, selon vous ?

LE PRÉCEPTEUR.

Ne vous irritez pas contre moi : je suis résolu à tout faire pour vous, vous le savez ; mais je ne puis vous prêter mon ministère ecclésiastique et légal sans être bien certain que Gabrielle n’aura point à s’en repentir. Vous voulez engager votre cousine à contracter avec vous, en secret, un mariage légitime : c’est une résolution que, dans mes idées religieuses, je ne puis qu’approuver ; mais, comme je dois songer à tout et envisager