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toi qui m’as empêchée de démasquer la supercherie qui me condamne à te frustrer publiquement des biens que je te restitue en secret, et du titre auquel tu dédaignes de succéder. C’est toi qui m’as défendu, avec toute l’autorité que donne un généreux amour, de proclamer mon sexe et de renoncer aux droits usurpés que l’erreur des lois me confère. Si tu avais eu le moindre regret de ces choses, tu aurais eu la franchise de me le dire ; car tu sais que, moi, je n’en aurais eu aucun à te les céder. Dans ce temps-là je ne pensais pas qu’il te serait jamais possible de me faire souffrir. J’avais une confiance aveugle, enthousiaste !… À présent, j’avoue qu’il me serait pénible de renoncer à être homme quand je veux ; car je n’ai pas été longtemps heureuse sous cet autre aspect de ma vie, qui est devenu notre tourment mutuel. Mais, s’il le fallait pour te satisfaire, hésiterais-je un moment ? Oh ! tu ne le crains pas, Astolphe, et tu n’agirais pas en secret pour me forcer à des actes que ton simple désir peut m’imposer librement ! Toi, me tendre un piège ! toi, traîner des complots contre moi ! Oh ! non, non, jamais !… Le voici qui revient de la promenade ; je ne lui en parlerai même pas, tant j’ai peu besoin d’être rassurée sur son désintéressement et sur sa franchise.




Scène IV.


ASTOLPHE, GABRIELLE.


ASTOLPHE.

Eh bien, ma bonne Gabrielle, ton vieux serviteur est revenu. Je viens de voir son cheval dans la cour. Quelles nouvelles t’a-t-il apportées de Bramante ?

GABRIELLE.

Selon lui, notre grand-père se meurt ; mais, selon