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jean ziska.

ques se partagent l’empire des esprits. Vous avez entendu parler de celles qui ont fait la révolution française, des jacobins, des montagnards, des girondins, des dantonistes, des babouvistes, des hébertistes même, etc. Depuis quinze ans, vous avez vu d’autres sectes déployer leurs bannières, d’autres idées, ou plutôt les mêmes idées au fond, prendre de nouvelles formes, chez les saint-simoniens, les doctrinaires, les fouriéristes, les communistes de Lyon, les chartistes d’Angleterre, etc., etc.

Ce que vous trouvez au fond de toutes ces sectes philosophiques et de tous ces mouvements populaires, c’est la lutte de l’égalité qui veut s’établir, contre l’inégalité qui veut se maintenir ; lutte du pauvre contre le riche, du candide contre le fourbe, de l’opprimé contre l’oppresseur, de la femme contre l’homme (du fils même contre le père dans la législation, puisqu’il a fallu reconquérir la suppression du droit d’aînesse) ; de l’ouvrier contre le maître, du travailleur contre l’exploitateur, du libre penseur contre le prêtre gardien des mystères, etc. ; lutte générale, universelle, portant sur tous les principes, partant de tous les points, imaginant tous les systèmes, essayant de tous les moyens. Vous n’êtes pas au bout ; vous en verrez bien d’autres et de pires, si au lieu de laisser le champ libre à la discussion, le pouvoir s’obstine à contraindre d’une part, et à corrompre de l’autre.

Eh bien, au point où nous en sommes, vous ne pouvez pas supposer que tout cela soit absolument nouveau sous le soleil, que l’esprit humain ait enfanté toutes ces manifestations pour la première fois depuis cinquante ans. Il faudrait, pour cela, supposer que depuis cinquante ans seulement le genre humain a commencé à vivre et à se rendre compte de ses droits, de ses besoins de toutes sortes.

Et pourtant, si vous cherchez dans les historiens l’his-