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serais à l’heure même ma maîtresse et ma femme si… Comme tu rougis, Gabriel ! mais sais-tu que tu rougis comme une jeune fille ?… Tu n’as pas mis de fard, j’espère ? (Il lui touche les joues.) Non ! Tu trembles ?

GABRIEL.

J’ai froid ainsi, je ne suis pas habitué à ces étoffes légères.

ASTOLPHE.

Froid ! tes mains sont brûlantes !… Tu n’es pas malade ?… Que tu es enfant, mon petit Gabriel ! ce déguisement te déconcerte. Si je ne savais que tu es philosophe, je croirais que tu es dévot, et que tu penses faire un gros péché… Oh ! comme nous allons nous amuser ! tous les hommes seront amoureux de toi, et les femmes voudront, par dépit, t’arracher les yeux. Ils sont si beaux ainsi, vos yeux noirs ! Je ne sais où j’en suis. Tu me fais une telle illusion, que je n’ose plus te tutoyer !… Ah ! Gabriel ! pourquoi n’y a-t-il pas une femme qui te ressemble ?

GABRIEL.

Tu es fou, Astolphe ; tu ne penses qu’aux femmes.

ASTOLPHE.

Et à quoi diable veux-tu que je pense à mon âge ? Je ne conçois point que tu n’y penses pas encore, toi !

GABRIEL.

Pourtant tu me disais encore ce matin que tu les détestais.

ASTOLPHE.

Sans doute, je déteste toutes celles que je connais ; car je ne connais que des filles de mauvaise vie.

GABRIEL.

Pourquoi ne cherches-tu pas une fille honnête et douce ? une personne que tu puisses épouser, c’est-à-dire aimer toujours ?