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absolue n’est pas le partage exclusif de l’homme, mais plutôt celui de l’enfant, et, qui sait ? peut-être aussi celui de la femme.

LE PRÉCEPTEUR.

Où avez-vous pris toutes ces idées ? Jamais je ne vous ai vu si raisonneur.

GABRIEL.

Oh ! bien, oui ! je ne vous dis pas tout ce qui me passe par la tête.

LE PRÉCEPTEUR, inquiet.

Quoi donc, par exemple ?

GABRIEL.

Bah ! je ne sais quoi ! Je me sens aujourd’hui dans une disposition singulière. J’ai envie de me moquer de tout.

LE PRÉCEPTEUR.

Et qui vous a mis ainsi en gaieté ?

GABRIEL.

Au contraire, je suis triste ! Tenez, j’ai fait un rêve bizarre qui m’a préoccupé et comme poursuivi tout le jour.

LE PRÉCEPTEUR.

Quel enfantillage ! et ce rêve…

GABRIEL.

J’ai rêvé que j’étais femme.

LE PRÉCEPTEUR.

En vérité, cela est étrange… Et d’où vous est venue cette imagination ?

GABRIEL.

D’où viennent les rêves ? Ce serait à vous de me l’expliquer, mon cher professeur.

LE PRÉCEPTEUR.

Et ce rêve vous était sans doute désagréable ?