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de l’adresse, de la force même… Eh bien ! va-t-il donc sauter la barrière, ce jeune fou ?

LE PRÉCEPTEUR.

Toujours, monseigneur.

LE PRINCE.

Bravissimo ! Je n’aurais pas fait mieux à vingt-cinq ans. L’abbé, si le reste de l’éducation a aussi bien réussi, je vous en fais mon compliment et je vous en récompenserai de manière à vous satisfaire, soyez-en certain. Maintenant j’entre dans l’appartement que vous m’avez destiné. Derrière cette cloison, j’entendrai votre entretien avec lui. J’ai besoin d’être préparé moi-même à le voir, de le connaître un peu avant de m’adresser à lui. Je suis ému, je ne vous le cache pas, monsieur l’abbé. Ceci est une circonstance grave dans ma vie et dans celle de cet enfant. Tout va être décidé dans un instant. De sa première impression dépend l’honneur de toute une famille. L’honneur ! mot vile et tout-puissant !…

LE PRÉCEPTEUR.

La victoire vous restera comme toujours, monseigneur. Son âme romanesque, dont je n’ai pu façonner absolument à votre guise tous les instincts, se révoltera peut-être au premier choc ; mais l’horreur de l’esclavage, la soif d’indépendance, d’agitation et de gloire triompheront de tous les scrupules.

LE PRINCE.

Puissiez-vous deviner juste ! Je l’entends… son pas est délibéré !… J’entre ici… Je vous donne une heure… plus ou moins, selon…

LE PRÉCEPTEUR.

Monseigneur, vous entendrez tout. Quand vous voudrez qu’il paraisse devant vous, laissez tomber un meuble ; je comprendrai.