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jean ziska.

« Quand il avait dit sa messe, il quittait ses habits sacerdotaux, montait à cheval, armé de toutes pièces, le casque en tête, l’épée au poing, et la cuirasse sur le dos. Il faisait gloire de n’épargner aucun hérétique. Il en périt plusieurs milliers par ses soins et par ses armes, et il tua deux cents Hussites de sa propre main. Il mourut cardinal en 1430. » Il fut secondé en mainte rencontre par l’abbé de Trebitz, homme de qualité, plus propre à la guerre qu’au bréviaire.

La première expédition de l’évêque de fer fut contre un parti de Taborites, que deux prêtres de Tabor étaient venus rallier en Moravie, et qui s’étaient fortifiés si bien sur une montagne boisée, qu’on ne put les forcer. Ils se défendaient en jetant sur les assiégeants de gros éclats de roche ; et malgré l’ardeur des troupes de l’évêque formées de ses vassaux, d’auxiliaires hongrois et de troupes impériales autrichiennes, ils décampèrent la nuit et se sauvèrent en Bohême où ils se réunirent aux Orébites. Plusieurs seigneurs bohémiens du parti calixtin, et entre autres Victorin de Podiebrad (père du roi Georges), apprenant cette affaire, songèrent alors à occuper le belliqueux évêque pour l’empêcher de faire irruption en Bohême. Il en résulta une guerre assez acharnée en Moravie, où, parmi plusieurs défaites et plusieurs victoires, Jean de fer donna de grandes preuves d’activité, de courage et de talent militaire. Nous n’entrerons pas dans le détail de ces campagnes, afin de ne pas perdre de vue la scène principale.

Jean le Prémontré exerçait toujours sur le peuple de Prague une influence effrayante pour les Calixtins. Un nouveau sénat, calixtin sans aucun doute, avait remplacé le sénat picard institué par le moine. On l’y déféra comme Picard, titre qui, à lui seul, constituait le crime d’État ; on l’accusa de s’être trop ingéré dans les affaires publi-