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jean ziska.


XII.


La nouvelle de l’exécution de Martin Loquis alluma la sédition dans Prague. Tous les Picards de la nouvelle ville coururent trouver le Prémontré. Ils s’assemblèrent, la nuit, dans un cimetière. Là, on se plaignit de la tyrannie de Ziska et de celle du sénat calixtin. Le Prémontré après avoir longtemps délibéré avec eux, prit sa résolution au premier coup de la cloche du matin. Il se met aussitôt à leur tête, et les conduit à la maison de ville de la vieille Prague. Là il reproche aux sénateurs leurs trahisons et leurs lâchetés, leur déclare qu’ils sont cassés et annulés, et sur-le-champ procède à l’élection d’un nouveau sénat et de quatre consuls picards. Il décrète que la vieille et la nouvelle ville n’en feront plus qu’une et obéiront à des magistrats de son choix. À peine a-t-il formé ce nouveau gouvernement qu’il assemble la communauté, et lui déclare qu’il faut chasser un curé qu’il désigne, parce qu’il retient les momeries du culte romain ; que le temps est venu d’en finir avec les prêtres calixtins et d’en établir de vraiment évangéliques, « parce que les séculiers et le clergé ne doivent plus faire qu’un corps et un même peuple. » Le peuple, la populace, pour parler comme mon auteur (ce qui ne me fâche point, parce que je vois bien que c’étaient les pauvres et les opprimés qui étaient les plus éclairés et les plus sincères en fait de religion), la populace courut aux églises, chassa les prêtres calixtins, en institua de nouveaux, et donna ses lois à toute la ville, sans que les anciens consuls ni personne osât s’y opposer.

Pendant ce temps, les Taborites et les Orébites marchaient à la rencontre de l’Empereur, qui entrait en Bohême par Cuttemberg. Malgré la clémence de Ziska,