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et, entraînant ses Taborites dans une nouvelle course, il leur fit ou leur laissa détruire encore plus de trente monastères. Enfin, réuni à ceux de Prague, il prit Jaromir avec beaucoup de peine, et la traita fort durement, parce que ses habitants avaient déclaré vouloir se rendre aux Calixtins de Prague, et non à lui.

Pendant ce temps, Jean le Prémontré détruisait aussi des monastères : à Prague, il dispersa violemment la communauté des religieuses de Saint-Georges, qu’on avait épargnées jusque-là parce qu’elles étaient toutes filles de qualité. Ailleurs, il brûla les couvents et les moines. Dans un autre couvent de femmes, à Brux, sept nonnes ayant été massacrées au pied de l’autel, la légende rapporte que la statue de la Vierge détourna la tête, et que l’enfant Jésus, qu’elle portait dans son giron, lui mit le doigt dans la bouche.

Enfin la ville de Boleslaw se rendit à ceux de Prague, et le seigneur catholique Jean de Michalovitz, à qui l’on enleva dans le même temps une bonne forteresse, fut repoussé avec perte, après avoir tenté de reprendre Boleslaw.

X.

Tant de succès firent ouvrir les yeux au parti catholique sur l’importance et la force de la révolution. Un moment vint où, n’espérant plus la conjurer, il résolut de l’accepter, afin de n’être point brisé par elle. Sigismond ne pouvait inspirer d’affection à personne : il avait mécontenté tous ses amis. Les Rosenberg furent des premiers à l’abandonner, et une diète générale fut assemblée à Czaslaw, où presque toute la noblesse déclara qu’elle se détachait du parti de l’empereur. Quant à la religion, les Hussites, qui voulaient des gages, eurent bon marché de ces consciences si orthodoxes, et leur