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verser des capitaux, peut déjà reconnaître qu’avec des engrais et des travaux d’irrigation ce soi devient fertile et généreux.

Que la richesse se tourne donc vers l’agriculture ; que le gouvernement l’aide, et la Brenne, qui a déjà plusieurs routes importantes, aura des canaux, des moissons, des haras, de vastes fermes et de riches villages.

Tout cela est commencé, et déjà une apparence de bien-être se fait sentir. Depuis quelques années surtout la Thébaïde du Berri n’est plus reconnaissable. Elle se pare, elle se peuple, elle s’assainit. Le pauvre en profite… dans la limite que l’ordre social lui assigne, et ce n’est guère ! Mais enfin c’est mieux que rien, et les efforts du riche pour doubler la richesse de la terre sont plus agréables à voir que l’incurie ou l’abandon, puisque l’indigence peut ramasser, du moins, les miettes d’une table bien servie.

Hélas ! hélas ! n’y aurait-il pas un chemin plus droit pour aller plus vite au secours de la misère, plus large surtout, pour que tous les hommes pussent y passer de front ?

Mais à quoi bon soupirer ? Ceux qui sont aux affaires de l’État ont bien d’autres soucis en tête que les affaires de l’humanité.

Pour ne parler que de ce qui serait possible dès à présent, je voudrais que l’État voulût acheter des terres en Brenne, en Sologne, dans la Marche, dans les landes de Bordeaux, dans tous ces pays incultes que ravage la fièvre, et que dépeuple la misère. Il en aurait de grandes étendues à vil prix. Il y établirait ces nombreuses familles de misérables, qui n’ont d’autres ressources que celles du brigandage ou de la mendicité. Il les rangerait sous la loi d’une communauté éclairée et dirigée officiellement par lui. Il leur ferait, en instruments de travail, les