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15 janvier. — Elle pouvait quitter cet homme et fuir le mal à l’instant même. Elle ne l’a pas voulu !… Est-ce la crainte de la misère ? Non, Julie, tu ne sais pas mentir, mais la crainte d’un mépris qui devait t’honorer pour la première fois de ta vie, t’a rejetée dans l’abîme. Tu n’as pas compris que la raillerie des âmes vicieuses allait cette fois te réhabiliter devant Dieu ! Et comment n’aurais-tu pas perdu la notion du vrai et du juste sur ces choses délicates ! Pauvre infortunée, ta vie a été un long mensonge à tes propres yeux !

Je l’attends toujours… Je l’aime toujours… Et pourtant elle a compté pour rien ma souffrance et ma honte. Elle subit l’amour avilissant de ce gentilhomme pour s’épargner le dépit d’être quittée, et pour se réserver la gloire de quitter la première ! Dieu de bonté, ayez pitié d’elle et de moi !

20 janvier. — Elle n’est pas revenue ! Elle ne reviendra peut-être pas !

30 janvier. — Billet de Julie, du château de***.

« Jacques, je pars pour l’Italie. Ne songez plus à moi. J’ai réfléchi. Vous n’auriez jamais pu m’aimer sans vouloir me dominer et m’humilier. Je domine