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connaissais, tu ne serais pas fâché de l’aventure.

— Je ne suis pas curieux, permettez que je…

— Mon pauvre Jacques, tu es d’une pruderie révoltante. Cela prouve un amour propre insensé. Tu crois donc que je te fais la cour ? Commence par t’ôter cela de l’esprit, toi qui en as tant ! Je ne suis pas éprise de toi le moins du monde, quoique tu sois trop joli garçon pour un pédant !

— À ce dernier mot, je vois bien que j’ai l’honneur d’être parfaitement connu de vous.

— Voilà de la modestie, à la bonne heure ! Certes, je te connais, et je sais ton goût pour la botanique. Ne t’ai-je pas vu entrer dans une certaine serre où, depuis quinze jours, tu étudies le camélia avec passion ?

— Qu’y trouvez-vous à redire ?

— Rien. La dame du logis encore moins, à ce qu’il paraît ?

— Vous êtes sans doute sa femme de chambre ?

— Non, mais son amie intime.

— Je n’en crois rien. Vous parlez comme une soubrette et non pas comme une amie.

— Tu es grossier, chevalier discourtois ! Tu ne connais pas les lois du bal masqué, qui permettent de médire des gens qu’on aime le mieux.