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d’une ténuité effrayante. Leur santé est plus apparente que réelle. Un coup de vent d’est les dessèche au milieu de leur splendeur, et, en tous cas, ils arrivent vite à la décrépitude. Il en est de même des hommes nourris et enfermés dans cette vaste cité. Je ne parle pas de ceux dont la misère étouffe le développement. Hélas ! c’est le grand nombre ; mais ceux-là n’ont de commun avec les plantes que la souffrance de la captivité. Les soins leur manquent, et ils arrivent rarement à cette trompeuse beauté qui est chez l’enfant du riche, comme dans la plante de son jardin, le résultat d’une culture exagérée et d’une éclosion forcée. Ces enfants-là sont généralement beaux, leur pâleur est intelligente, leur langueur gracieuse. Ils sont, à dix ans, plus grands et plus hardis que nos paysans ne le sont à quinze ; mais ils sont plus grêles, plus sujets aux maladies inflammatoires, et la vieillesse se fait vite pour eux comme la nuit sur les dômes élevés et sur les cimes altières des beaux arbres de cette Babylone.

Il y a donc ici partout, et dans les jardins particulièrement, une apparence de vie qui étonne et dont l’excès effraie l’imagination. Nulle part au monda il n’y a, je crois, de plus belles fleurs. Les terrains sont si bien engraissés et abrités par tant de murailles,