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l’homme d’injustice, d’orgueil et de cruauté ; mais j’ai bien changé depuis un an ! Si quelque jour vous parlez de moi librement avec Jacques, dites-lui de ne pas se reprocher mes souffrances ; elles m’ont été salutaires, elles ont porté leurs fruits amers et fortifiants. J’ai reconnu enfin qu’il n’était pas au pouvoir du cœur le plus généreux et le plus sublime de donner toute sa flamme à un être troublé et malade comme moi… J’ai reconnu le sceau de la justice divine et le prix de la vertu… la vertu que j’ai tant haïe et blasphémée dans mes désespoirs ! Où seraient donc le bien et le mal ici-bas, si les cœurs coupables pouvaient être récompensés dès cette vie, et s’il n’y avait pas d’inévitables expiations ! Ah ! cette parole est vraie : Tu seras puni par où tu as péché ! Cela est vrai pour toutes les erreurs, pour toutes les folles passions de l’humanité. Ceux qui ont abusé des bienfaits de Dieu ne le trouveront plus et seront condamnés à le chercher sans cesse ! La femme sans frein et sans retenue mourra consumée par le rêve d’une passion qu’elle n’inspirera jamais.

« Et pourtant l’Évangile nous montre les ouvriers de la dernière heure du jour récompensés comme ceux de la première… ; mais le maître qui paie