Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/222

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’amour ! c’est un mot générique, et qui embrasse tant de sentiments divers ! L’amour divin, l’amour maternel, l’amour conjugal, l’amour de soi-même, tout cela n’est point l’amour de l’amant pour sa maîtresse. Hélas ! si j’osais encore me croire philosophe, je tâcherais de me définir à moi-même ce sentiment que je porte en moi pour mon supplice et qui n’a jamais été satisfait. Ô éternelle aspiration, désir de l’âme et de l’esprit, que la volupté ne fait qu’exciter en vain ! Tous les hommes sont-ils donc maudits comme moi ? sont-ils donc condamnés à posséder une femme qu’ils voudraient voir transformée en une autre femme ? Est-ce la femme qu’on ne possède pas, qui, seule, peut revêtir à nos yeux ces attraits qui dévorent l’imagination ! Est-ce la jouissance d’un bien réel qui nous rassasie et nous rend ingrats ?




A. — Comme elle est pâle ! comme sa démarche est lente et affaissée ! Quel mal inconnu ronge donc ainsi cette fleur sans tache ? Oh ! du moins c’est une noble passion, c’est un chaste souvenir ou un désir