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Cette peur devint de l’épouvante lorsque Alice ajouta, en retenant fortement sa main dans la sienne :

— Répondez-moi, répondez-moi donc hardiment, Julie !

— Julie ? s’écria la courtisane hors d’elle-même. Quel nom me donnez-vous là ?

— Permettez-moi de vous le donner toujours, reprit Alice avec une grande douceur ; un de nos amis communs vous a connue sous ce nom, qui est sans doute le véritable, et qui m’est plus doux à prononcer.

— C’est mon nom de baptême, en effet, dit Isidora avec un triste sourire ; mais je n’ai pas voulu le porter après que j’ai eu quitté ma famille et mon humble condition. C’est mon nom d’ouvrière, car vous savez que j’étais une pauvre enfant du peuple.

— C’est votre titre de noblesse à mes yeux.

— Vraiment ?

— Vraiment oui ! Ne croyez donc pas que les idées ne pénètrent pas jusque dans les têtes coiffées en naissant d’un hochet blasonné. Ne soyez pas plus fière que moi ; nommez-moi Alice, et reprenez pour moi votre nom de Julie.

— Ah ! il me rappelle tant de choses douces et cruelles ! ma jeunesse, mon ignorance, mes illusions,