Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée

Alice, clairvoyante et forte, lui sourit sans effort et lui tendit une main qu’Isidora porta à ses lèvres avec un mouvement convulsif de reconnaissance, mais sans pouvoir détacher son œil, noir et craintif comme celui d’une gazelle, du placide regard d’Alice. Alice était bien pâle aussi ; mais si paisible et si souriante, qu’on eût dit qu’elle était l’amante victorieuse en face de l’amante trahie.

« Elle ne se doute de rien ! » pensa l’autre ; et elle reprit son aplomb, d’autant plus qu’Alice ne parut pas faire la moindre attention à son joli peignoir de mousseline blanche.

— Vous ne m’attendiez pas si matin, lui dit madame de T*** ; mais vous m’aviez dit que vous défendriez votre porte et que vous ne sortiriez pas tant que je ne serais pas venue ; je n’ai pas voulu vous condamner à une longue réclusion, et, en attendant voire réveil, je prenais plaisir à faire connaissance avec vos belles fleurs.

— Mes plus belles fleurs sont sans parfum et sans pureté auprès de vous, répondit Isidora, et ne prenez pas ceci pour une métaphore apportée de l’Italie, la terre classique des rébus. Je pense naïvement ce que je vous dis d’une façon ridicule ; c’est assez le caractère de l’enthousiasme italien. Il paraît exagéré à