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essayer de comprendre ce bruit désagréable qui m’eût empêché de dormir si je n’en avais découvert la cause. J’ai entendu plus distinctement : c’est le son d’un instrument qu’on appelle, je crois, une contre-basse. La voix plus claire des violons m’a expliqué que cela, faisait partie d’un orchestre jouant des contredanses. Il y a des gens qui dansent par un temps pareil ! quand la mort semble planer sur cette ville funeste ! Comme elle est triste, entendue ainsi à distance, et par rafales interrompues, leur musique de fête ! Cette basse, dont la vibration pénètre seule, par le courant d’air de ma cheminée, et qui répète à satiété sa lugubre ritournelle, ressemble au gémissement d’une sorcière volant sur mon toit pour rejoindre le sabbat. Je m’imagine que ce sont des spectres qui dansent ainsi au milieu d’une nuit si noire et si effrayante !

30 décembre. — Mon travail n’avance pas ; l’isolement me tue. Si j’étais sain de corps et d’esprit, la foi reviendrait. La confiance en Dieu, l’amour de Dieu qui a fait tant de grands saints et de grands esprits, et que ce siècle malheureux ne connaît plus, viendrait jeter la lumière de la synthèse sur les diverses parties de mon œuvre. Oui, je dirais à Dieu :