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— Mon ami, lui dit-elle, donnez donc le bras à ma belle-sœur, qui est souffrante, et conduisez-la à sa voiture.

— Sa belle-sœur ! pensa la courtisane. Elle ose m’appeler ainsi devant un de ses amis ! elle n’en rougit pas ! et elle revint vers Alice pour la remercier du regard et saisir une dernière fois sa main qu’elle porta à ses lèvres. Dans son émotion délicieuse, elle vit Jacques confusément, sans le regarder, sans le reconnaître, et accepta son bras, sans pouvoir détacher ses yeux du visage d’Alice. Et comme Jacques, embarrassé de sa préoccupation, lui rappelait qu’il la conduisait à sa voiture.

— Je suis à pied, dit-elle. Quand on demeure porte à porte ! Et, tenez, si la petite porte du jardin n’est pas condamnée, ce sera beaucoup plus court par là.

— Je vais sonner pour qu’on aille ouvrir, dit Alice ; et elle sonna en effet. Mais son âme se brisa en voyant Isidora, appuyée sur le bras de Jacques, descendre le perron du jardin, et se diriger vers le lieu de leurs anciens rendez-vous. Elle eut la pensée de les suivre. Rien n’eut été plus simple que de reconduire elle-même sa belle-sœur par ce chemin ; rien